- contorsion
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1 ♦ Vx Mouvement violent par lequel se tordent et se contractent les membres. ⇒ contraction, convulsion, torsion. — Mod. Attitude acrobatique; mouvement volontaire et anormal de parties du corps (⇒ contorsionniste). Les contorsions d'un acrobate. ⇒ acrobatie.2 ♦ Attitude outrée, gestes affectés. ⇒ grimace. Contorsions d'un employé obséquieux. ⇒ manière. Inutile de faire toutes ces contorsions. — (Abstrait) Les contorsions d'un manœuvrier, d'un homme politique.Synonymes :- grimace- rictuscontorsionn. f. Contraction, déformation, volontaire ou non, des muscles, des membres. Des contorsions de douleur.|| Par ext. Attitude forcée. Les contorsions d'un orateur.⇒CONTORSION, subst. fém.A.— [À propos d'une pers.] Mouvement désarticulé et violent, d'origine généralement interne, qui tord les membres et les muscles. Contorsion comique, d'agonie :• 1. ... une espèce de frénésie saisit soudainement l'Espagnol, qui se mit à taper des pieds, à protester, à gesticuler. Puis, s'arrêtant, voilà notre homme qui pâlit, se démène, et fait cent contorsions,...BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 298.— En partic. Crispation exagérée du visage sous l'effet de la joie, de la douleur. Les contorsions de la bouche. (Quasi-)synon. grimace. La perpétuelle contorsion des muscles de la face (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Mort du père, 1929, p. 1279).— ARTS PLASTIQUES. Mouvement excessivement accusé du corps ou du visage. Les primitifs (...) par cette immobilisation des traits essentiels du modèle atteignent, mieux que par contorsions, moues et grimaces, à l'apogée du sublime pictural (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 44).— P. anal. [À propos d'animaux ou de plantes] Déchiqueter de malheureux insectes (...) pour le plaisir de voir leurs contorsions grotesques (R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 266). Des arbres dépouillés ne montrent plus que des espèces de membres et des contorsions (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 332).B.— P. métaph. et/ou au fig. [À propos d'un état psychol., du caractère, etc.]1. Agitation, tourment de l'esprit. Les contorsions sentimentales du décadent (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 120).— Domaine de l'expression. Expression maniérée et tortueuse. Contorsions poétiques (cf. MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836, p. 672 et BENDA, La France byzantine, 1945, p. 171). Les contorsions de l'anecdote (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 176). Ce galbe pur [du style], cette élégante sobriété, si difficilement compatibles avec les contorsions, les piétinements, les subtilités alambiquées ou les lourdeurs embourbées du psychologique (N. SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, p. 13).2. Absence de naturel. (Quasi-)synon. hypocrisie :• 2. On impute à orgueil tout effort de redressement. Comme si l'on ne pouvait, sans prosternement et tout en se tenant droit, rester modeste! Ou comme si cette modestie naturelle ne valait pas celle obtenue par contorsion!GIDE, Journal, 1931, p. 1047.Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. contorsionnisme. Fait de se livrer systématiquement à des contorsions. P. métaph. contorsionnisme littéraire (Arts et litt. dans la société contemp., t. 2, 1936, p. 5202). N'est pas attesté ds les dict. gén. des XIXe et XXe siècles.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. XIVe s. [ms. du XVe s.]. contorsion de nerfs (EVR. DE CONTY, Probl. d'Arist., B.N. 210, f° 100e ds GDF. Compl.); 1666 « gestes outrés » (MOLIÈRE, Misanthrope, acte I, scène 1); 1664 fig. donner quelque contorsion à la vérité (Logique de Port-Royal ds DG). Empr. au lat. class. contortio de même sens. Fréq. abs. littér. :103.
contorsion [kɔ̃tɔʀsjɔ̃] n. f.ÉTYM. XIVe; bas lat. contorsio, lat. class. contortio, du supin de contorquere, de con- (cum), et torquere « tordre » (→ Tordre).❖1 (1611). Vx. Action, fait de déformer en tordant. ⇒ Torsion.1 Si vous aviez vu la violente contorsion que cet éclat de bombe fit à son épée (…)Mme de Sévigné, 1108, 19 déc. 1688.♦ (1664). Fig. || Donner une contorsion à la vérité, la déformer. ⇒ Déformation, entorse (fig.).2 (Vieilli en parlant d'un être humain). Mouvement violent par lequel se tordent et se contractent irrégulièrement les membres, les muscles du corps. ⇒ Contraction, convulsion, torsion. || La contorsion des bras. || Contorsion de tous les membres. || Souffrir mille contorsions. || Contorsion anormale des muscles.2 L'officier qui entra pour l'arrêter le trouva dans des contorsions étranges.Saint-Simon, Mémoires, III, 12.2.1 Déchiqueter de malheureux insectes (…) pour le plaisir de voir leurs contorsions grotesques.R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, p. 266.♦ Mod. Attitude acrobatique; mouvement volontaire et anormal de parties du corps. ⇒ Contorsionniste. || Les contorsions d'un acrobate. ⇒ Acrobatie.3 Attitude outrée, gestes affectés. ⇒ Affectation, agitation, grimace. || Les contorsions d'un courtisan obséquieux, affecté. ⇒ Embarras, manière. — (Abstrait). || Les contorsions d'un manœuvrier, d'un homme politique. || Les contorsions de la pensée.3 Et je ne hais rien tant que les contorsionsDe tous ces grands faiseurs de protestations.Molière, le Misanthrope, I, 1.4 Vous croyez apprendre à vivre à vos enfants, en leur enseignant certaines contorsions du corps et certaines formules de paroles qui ne signifient rien.Rousseau, Émile, IV.5 (…) lu quelques pages de La Bruyère, qui m'ont lavé de toutes les agitations, les tourments, les médiocres et vaines contorsions de ce jour.Gide, Journal, 21 oct. 1929, p. 946.❖DÉR. Contorsionner, contorsionniste.
Encyclopédie Universelle. 2012.